L'histoire de la Flamme sous l'Arc de Triomphe

À la suite du traumatisme de la Première Guerre mondiale (1,4 million de morts - 3,6 millions de blessés – plus d'un million d'invalides civils et militaires), les autorités nationales et les associations organisent le culte de la mémoire des soldats morts pour la France afin de perpétuer aux travers de lieux symboliques, l'exemple de leur patriotisme et de leur sacrifice. L'Arc de Triomphe au même titre que Verdun et Rethondes est ainsi mis en valeur.

L'idée d'un culte rendu à la dépouille d'un soldat inconnu qui représenterait tous les combattants français tombés au champ d'honneur lors de la Grande Guerre germe dès 1916. Au travers des journaux de l'époque, la bataille du lieu d'inhumation se joue. Ce n'est que le 8 novembre 1920 que la Chambre des députés puis le Sénat vote une loi instituant l'inhumation d'un soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

C'est ainsi que le 10 novembre 1920, à Verdun, le soldat Auguste Thin, avec à ses côtés, André Maginot, ministre des Pensions, désigne le soldat inconnu parmi 8 cercueils, contenant les corps de 8 soldats français non identifiés pris dans 8 des 9 secteurs du front, « de la mer aux Vosges ». Il est transféré sous l'Arc de Triomphe le 11 novembre 1920 puis sera inhumé à son emplacement définitif le 28 janvier 1921.

Pendant deux ans, une simple dalle de granit où sont gravés ces quelques mots :
« ICI REPOSE UN SOLDAT FRANÇAIS MORT POUR LA PATRIE 1914-1918 »
signale la tombe du Soldat Inconnu aux passants.
Ici repose un soldat français mort pour la patrie

Afin d'éviter l'oubli de ce beau symbole, Gabriel Boissy, journaliste à « l'Intransigeant », lance l'idée d'une Flamme du souvenir sur cette tombe. Deux ministres André Maginot à la Guerre et Léon Bérard à l'Instruction publique, secondés par Paul Léon, directeur des Beaux-Arts reprennent ce projet. Le plan de l'architecte Henri Favier est retenu et exécuté par Brandt. La Flamme surgit de la gueule d'un canon braqué vers le ciel encastré dans un bouclier renversé dont la surface ciselée est constituée par des épées formant une étoile.

La Flamme est allumée pour la première fois le 11 novembre 1923 par André Maginot, ministre de la Guerre. Elle ne devait plus s'éteindre réalisant le vœu exprimé par Gabriel Boissy : « La Flamme, comme un feu follet, jaillira du sol. Elle sera vraiment comme l'âme du Mort résurgente. Elle palpitera, elle veillera. […] Sa palpitation atteindra ce haut résultat de contraindre tous les passants à une seconde de recueillement. Cette seconde les incitera à un rapide examen de conscience, à ce rappel des vertus nécessaires lorsque le devoir, l'honneur ou la simple nécessité nous appellent ».

Mais pour beaucoup d'anciens combattants la Flamme sur la tombe du soldat inconnu ne suffit pas.
Le Général Gouraud

Jacques Péricard, épaulé par Maurice Brunet - également ancien combattant et grand invalide - et par le directeur du journal « l'Intransigeant » Léon Bailly qui leur affecte un bureau au siège du journal, organisent le « culte de l'Inconnu ». L'un s'occupe de la gestion administrative et l'autre des cérémonies tous les soirs à l'Arc.

À leur appel 150 associations d'anciens combattants s'engagent à raviver la Flamme tous les soirs à tour de rôle selon un calendrier et des rites établis.

Fondée en 1925, déclarée le 16 octobre 1930, l'association La Flamme sous l'Arc de Triomphe, désigne le général Gouraud, mutilé de guerre et gouverneur militaire de Paris comme son premier président, ceci jusqu'en 1946, date de sa mort.